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Crise bancaire : le pire est-il à venir ?

Crise la plus grave depuis le fin de la seconde guerre mondiale, c’est en ces termes que le « Wise man » Alan Greenspan décrit la crise bancaire et financière actuelle. Le constat n’est pas exagéré, la crise pourrait bien s’avérer plus profonde et durable que prévue y compris en Europe.


Le début de la crise : la crise trouve sa naissance dans les subprimes, crédits consentis aux ménages les plus modestes pour leur permettre d’accéder à la propriété immobilière. Le taux de défaut sur ces crédits suit depuis un an une pente exponentielle. On ne voit pas trop comment il pourrait brutalement se stabiliser… Le coût actuel de la crise est de 1200 milliards de dollars selon Goldman Sachs dont 40% pour les seuls établissements américains. Ce sont donc les banques qui sont en première ligne. Les crises passés nous l’enseignent les crises bancaires sont les plus longues, les plus profondes et les plus coûteuses en terme de croissance et d’emplois.

Les enchaînements de la crise bancaire :
1/ les banques ne se font plus confiance, elles ne se prêtent donc plus d’argent, les liquidités se sont donc évaporées du marché interbancaire qui représente selon les établissements 20 à 40% du total du bilan.
2/ qui dit assèchement des liquidités, dit absence de transactions. Les banques sont donc à la tête d’actifs –titres interbancaires, obligations – dont nul n’est capable d’évaluer le prix. Les deux indicateurs de bases de l’économie sont aux abonnés absents : il n’y a plus de prix et plus de quantité échangées… Sans prix de rachat de titres ou d’actifs relève du pari et non de la modélisation financière. C’est pour cela que JP Morgan qui ne concède que 2$ par titre Bear Stearns peut sans se dédire finalement accepter de payer 5 fois plus à quelques jours d’intervalle.
3/ Les banques centrales essaient de calmer le jeu en fournissant autant de liquidité que possible aux marchés, mais cette liquidité s’évapore littéralement ! Le Fed en baissant drastiquement ses taux pourrait bien être un pompier incendiaire : les marchés sont face à une crise de confiance, or la baisse brutale des taux – y compris en dehors des réunions planifiées par le Fed – donnent une impression de panique qui n’est pas faite pour rassurer les investisseurs. En outre, le Fed brûle ses cartouches bien vite au risque de se retrouver dans la situation de la Bank of Japan dans les années 1990 : une déflation des actifs et une économie faiblarde qu’aucune relance monétaire ne peu plus sauver, les taux étant déjà trop bas. La trappe à liquidité n’est jamais bien loin !

Les conséquences :
1/ Les banques échaudées par leurs pertes immobilières, avec un accès difficile au refinancement interbancaire vont naturellement réduire la voilure de leurs prêts à l’économie. Ce « credit crunch » touchera les entreprises, et les ménages. C’est là la voie de transmission la plus massive vers l’économie réelle. Moins de prêt aux entreprises c’est moins d’investissement, donc un moteur de la croissance qui s’éteint. Moins de prêt aux ménages, c’est moins de consommation ce qui affecte également négativement la demande, mais aussi moins de demande pour l’immobilier. La tendance à la baisse des prix immobiliers trouve alors un puissant relais pour s’amplifier et s’accélérer.
2/ Les opérateurs se ruent vers les titres d’Etat dans un mouvement standard de « flight to quality ». Le Bund et l’OAT 10 ans traitent en effet à des niveaux faibles, rien de plus normal, il faut bien que les banques investissent leur liquidité quelque part…. et ce n’est qu’avec des obligations d’Etat que les investisseurs sont sûrs de ne pas acheter sans le savoir un actif encombré de quelques subprimes cachés…
3/ Les pays émergents : une issue de secours ? C’est peu probable pour 2 raisons. La première est économique, la seconde est financière. La croissance dans ces pays est tirée par l’export et non par la demande interne – en Chine en particulier – . Or si les pays développés entrent en crise ils achèteront moins à ces pays qui verront donc leurs croissance fléchir. Le système bancaire de certain de ces pays pourrait en outre connaître une crise liée au phénomène de contagion des opinions, qui conduirait à une propagation rapide de la crise de confiance au secteur bancaire de ces pays.
4/ La fair value : un débat relancé ? La notion de juste valeur a vu sa supériorité affirmée avec les réformes des normes internationales aux détriments du coût historique. Cette crise souligne combien cette vision peut être dangereuse, en effet l’enregistrement à la « fair value » oblige les banques a enregistrer ces actifs à leur valeur dépréciée, augmentant les pertes non réalisées. Cette réforme s’avère d’autant plus problématique quand le prix des actifs n’est pas établi sur les marchés, comme c’est le cas çà l’heure actuelle pour de nombreux actifs bancaires."

Analyse de Sébastien Vivier, enseignant-chercheur en finance à Reims Management School
www.reims-ms.fr

Mercredi 2 Avril 2008




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